Voici l’histoire racontée par Bernadette, qu’elle a traduit en français pour les non occitans.
Bien sûr, il faut l’écouter, car l’intérêt est la musicalité de la langue et surtout les onomatopées du train, que l’on ne peut pas transcrire.
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Je me souviens, quand j’étais gamine, dans les années cinquante, soixante, je me souviens du train à vapeur.
Le VB, sur la ligne Vertaizon-Billom.
J’étais souvent à Espirat, chez mon oncle et ma tante. Et on allait travailler dans les champs. Juste à côté du chemin de fer, le long de la ligne.
Quand le train arrivait du côté de Vassel, on entendait la locomotive et à mesure qu’elle avançait on voyait la fumée ; un joli panache qui se déplaçait.
Quelquefois il amenait des voyageurs qui se rendaient au marché le lundi à Billom, dans la famille, le médecin ou le coiffeur. Enfin, ce qu’ils avaient à faire.
Mais il amenait surtout des engrais, du blé, du matériel et des fournitures pour les commerçants et les entreprises de Billom.
Quand c’était le moment de récolter les carottes sucrières, c’était au mois d’octobre la saison. Les paysans les sortaient de terre avec leurs bœufs, leurs chevaux. Il n’y avait pas encore beaucoup de tracteurs. Ils venaient alors les verser à côté de la maison du garde-barrière, toujours à Espirat. Sur le quai s’accumulaient de gros tas.
Ensuite les carottes étaient chargées dans les wagons à bois avec la pelle et la fourche. Peu de pelles mécaniques. Elles étaient dirigées à la sucrerie de Bourdon à Aulnat.
Aujourd’hui ce n’est pas la même chose. On y a installé un vélorail !
Mais tout de même il me reste dans l’oreille la sonorité du convoi. Ho ! il allait doucement et quand il était bien chargé ça le faisait souffler. Il faisait : « tant que je peux ! Tant que je peux ! »
Et quand il arrivait : « J’en peux plus !..., J’en peux plus !
Bernadette Delaire